Un scénario pour l’avenir de l’eau dans le Nord-Ouest aubois
Les élus du Nord-Ouest aubois ont opté pour un scénario d’action élaboré par le SDDEA et sa Régie, avec ses partenaires. C’est un événement qui préfigure l’avenir de l’eau potable dans tout le département.
L’avenir de l’alimentation en eau potable dans le Nord-Ouest aubois se dessine grâce aux orientations adoptées le 17 septembre par les élus réunis à Maizières-la-Grande-Paroisse. Ceux-ci ont décidé de s’orienter vers un scénario sur lequel les équipes techniques pourront se concentrer d’ici à la fin d’année, pour en finaliser la construction technique et économique dans le détail.
Ce scénario technico-économique est proposé dans le cadre du Schéma Directeur AEP lancé dès 2016 sur ce secteur qui regroupe 42 communes et 31 000 habitants. Il apporte des solutions concrètes à court, moyen et long terme, aux contraintes qui pèsent de plus en plus lourdement sur l’eau.
Les élus étaient donc conviés à la présentation des dernières études réalisées et des scénarios ébauchés par les prestataires à qui a été confié l’étude, pour résoudre les défis qui se présentent en matière d’eau potable. L’impact du changement climatique engendre une forte baisse de la ressource en eau. Le Nord-Ouest aubois doit aussi faire face à la présence de nitrates et de pesticides en quantités trop importantes dans ses eaux.
Une expérience utile et fructueuse
Les services de l’Etat ont toujours soutenu le développement des Schémas Directeurs AEP, et en préambule de la réunion, aux côtés de Nicolas Juillet, Président du SDDEA et de sa Régie et de Stéphane Gillis, Directeur Général, le Préfet de l’Aube Stéphane Rouvé a souligné l’importance des enjeux : « On a longtemps parlé des sujets environnementaux comme des défis pour les générations futures. Or ce sont des sujets qui concernent déjà nos générations. Je ne peux donc que saluer la démarche du SDDEA et de ses équipes, avec le soutien sans équivoque des services de l’Etat. » Le Préfet de l’Aube a aussi insisté sur le fait que « l’expérience du Nord-Ouest aubois sera utile et fructueuse. »
Pour sa part, Philippe Pichery, Président du Conseil Départemental, a rappelé que « la période que nous vivons, avec ses difficultés, remet en cause quelques certitudes. » L’eau, « enjeu majeur pour nos populations à l’avenir », n’échappe pas aux bouleversements actuels. Mais « on a de l’avance », s’est félicité M. Pichery. « Ce syndicat permet de maîtriser une vision globale des choses. On est déjà très avancé dans la réflexion, il est important de ne pas perdre cette avance. » Avant de réaffirmer : « Le Département va suivre avec la plus grande attention la suite des opérations. Vous allez prendre des décisions très importantes. »
Le temps presse
La démarche engagée avec les Schémas Directeurs rejoint
également les préoccupations du Conseil Régional. Maxence Meunier, Conseiller
Régional et maire de Ferreux-Quincey, délégué du COPE Eau Potable de la Vallée
de l’Ardusson et du Bassin Seine Aval, l’a rappelé. « La Région a deux
objectifs : éviter les soucis d’approvisionnement en eau même pendant les
périodes de sécheresse et retrouver une bonne qualité des eaux. C’est l’affaire
de tous, pour préserver l’environnement et la santé de nos concitoyens. »
Or le temps presse : depuis octobre 2020, la Commission
européenne a mis la France en demeure de mettre en œuvre la réglementation
européenne sur la qualité de l’eau potable, sur le paramètre des nitrates.
« Cela concerne 11 % de la population nationale, et dans l’Aube 16 réseaux
de distribution sont concernés, essentiellement dans le Nord-Ouest
aubois », a expliqué Laure Gran-Aymerich, chef du service
Santé-Environnement de l’ARS Grand Est, présente aux côtés de Sandrine Piroué,
Déléguée Territoriale. L’ARS Grand-Est effectue le contrôle sanitaire de l’eau
destinée à la consommation. « Le délai de retour à la conformité est
établi à fin 2023, début 2024 », a-t-elle précisé. Nicolas Juillet,
Président du SDDEA et de sa Régie, a souligné que dans ce contexte, « le
Schéma prend toute sa valeur avec les travaux que nous allons faire derrière,
si on ne veut pas payer d’astreinte de la Commission européenne le temps
presse. » Outre le dossier prégnant des nitrates, la présence de
résidus de produits phytosanitaires dans les eaux est aussi une préoccupation. Francis
Schneider, Directeur Territorial de l’Agence Seine Normandie, a souligné pour
sa part : « Reconquérir une bonne qualité des eaux, c’est un enjeu
que partage totalement l’Agence de l’Eau. »
Les options retenues
Christophe Cailleux, Directeur du Patrimoine au SDDEA, a présenté les six scénarios élaborés dans le cadre de l’étude. Nicolas Juillet a tenu à ce que chaque projection soit affinée et précisée le plus possible, pour aboutir au dernier scénario, le « scénario E ». « C’est l’aboutissement de la réflexion. Si on retient ce scénario, l’idée est de travailler jusqu’au 2 décembre pour avoir des chiffres et des données plus précises », a-t-il souligné. Ces chiffres permettront notamment de connaître l’impact des actions préconisées sur le prix de l’eau pour l’usager.
Le Scénario E permet de résoudre la question du traitement des nitrates avec la création d’une ou deux unités de traitement (scénarios E+ ou E-). Il prévoit de conserver 7 sites de production (sur 21 actuellement) en interconnectant les réseaux du Nord-Ouest Aubois, avec une connexion nouvelle à l’eau provenant du secteur de l’agglomération de Troyes. Les objectifs de qualité, de quantité et de sécurisation de l’approvisionnement en eau potable, en limitant le plus possible le coût des investissements à réaliser, peuvent être atteints en suivant ce scénario.
« Solution départementale voire interdépartementale »
Les élus du secteur, venus très nombreux à la réunion, ont posé beaucoup de questions sur la présentation. La question des interconnexions a soulevé des doutes chez certains d’entre eux. Nicolas Juillet a précisé : « Nous avons toujours dit que la solution serait départementale voire interdépartementale. » De plus « l’interconnexion avec le secteur de l’agglomération troyenne est une solution si on veut aller vite », face au risque de contentieux européen. « Le Scénario E est tenable financièrement et dans les délais », a-t-il souligné.
La question des réserves incendie a aussi soulevé des interrogations, car certains réservoirs seront supprimés. Or ces réserves sont inclues dans la modélisation du scénario. Les élus ont finalement adopté ce Scénario E à l’unanimité moins une voix. Il fera donc l’objet d’études complémentaires d’ici au 2 décembre, date à laquelle une nouvelle réunion permettra de choisir les options (E+ ou E-) qui déboucheront sur des travaux.