Le réservoir sur piliers des Hauts-Clos inauguré après travaux
Les travaux de rénovations terminés, l’inauguration du réservoir sur piliers des Hauts-Clos, à Troyes, a eu lieu sur le site le 21 octobre. Le début d’une nouvelle ère pour l’eau potable dans la ville.
Un petit air de fête régnait malgré le temps gris, ce 21 octobre au pied du réservoir sur piliers des Hauts-Clos fraîchement repeint, à l’occasion de l’inauguration de l’ouvrage. Celle-ci s’est tenue en présence de François Baroin, maire de Troyes et président de Troyes Champagne Métropole (TCM), Marc Bret, président du Conseil de la Politique de l’Eau (Cope) Territoire de Troyes, Nicolas Juillet, président du SDDEA et de sa Régie, Jean-Michel Viart, vice-président de TCM en charge du cycle de l’eau et 1er vice-président du SDDEA et de sa Régie, et Jack Hirtzig, conseiller communautaire délégué de TCM en charge de l’eau potable.
Le réservoir vient de connaître deux ans de travaux et une rénovation complète, intérieure comme extérieure, cinquante-et-un an précisément après sa mise en service. Devenu emblématique de Troyes au fil des décennies du fait de son architecture monumentale, le réservoir a retrouvé tout son éclat après la fin des trois phases de sa rénovation. « Cet ouvrage d’art est désormais un outil performant, qualitatif », s’est félicité François Baroin, Maire de Troyes et Président de Troyes Champagne Métropole. « Il faut désormais réfléchir à la perspective de l’évolution du climat et investir pour préserver, à terme, la qualité de la ressource. » M. Baroin a aussi souligné « le travail remarquable » effectué par les équipes du SDDEA et de sa Régie, en rappelant le choix de la Ville de ne plus déléguer sa compétence eau potable à des acteurs privés, depuis 2018.
Prix stable
Quelques minutes plus tôt, en arrivant sur le site, le Maire avait pu visiter la salle de reprise, où se trouvent les puissantes pompes, toutes neuves également, qui alimentent le château d’eau. Pierre Cannard, chef du service Maîtrise d’œuvre et études à la Régie du SDDEA (Direction du Patrimoine), était présent à ses côtés pour expliquer le fonctionnement des installations et le récent renouvellement du matériel.
Pour sa part, Marc Bret, Président du Cope-Territoire Troyes, a rappelé que le montant de l’investissement (2,4 M€) mené sur le réservoir n’a pas eu d’impact sur le tarif de l’eau pour les usagers, qui est resté stable depuis quatre ans. Le financement a en effet été assuré par le Cope-Territoire Troyes, avec le soutien financier de l’Agence de l’eau Seine-Normandie à hauteur de 30 %. « C’est important alors que le pouvoir d’achat est attaqué de toute part », a insisté M. Bret. « Nous avons travaillé pour les cinquante ans qui viennent. C’est une page qui se tourne et nous allons mettre d’autres investissement en œuvre dans le cadre du plan pluriannuel. » Ce plan permettra de moderniser et pérenniser tous les ouvrages stratégiques pour l’eau potable dans le Cope-Territoire Troyes. (Lire ci-dessous).
« Au service des habitants »
Nicolas Juillet, Président du SDDEA et de sa Régie, a souligné : « Nous sommes au service des habitants du département. Nous devons continuer à travailler en partenariat tous ensemble. Si le prix de l’eau devait augmenter, ce serait pour permettre de gros investissements afin de préparer l’avenir. » Et il a tenu à remercier « toutes les équipes du SDDEA ».
La rénovation du site emblématique de Troyes, inauguré en 1970, a présenté de nombreux défis liés à la hauteur et la surface de l’édifice, à la gestion des équipements de radiotéléphonie installés sur le dôme, et à la mise en valeur de l’architecture exceptionnel du site, au cœur de la ville.
« Pour la Régie du SDDEA, c’était la première opération d’envergure menée en tant que maître d’œuvre, depuis le transfert de compétence au Cope Eau potable Territoire-Troyes le 1er janvier 2018. C’était donc un point de départ, un premier challenge », explique Pierre Cannard. « Nous étions rompus au travail sur des ouvrages de taille moins importante, en milieu rural. Avec les Hauts-Clos, nous avons changé de contexte ! »
Nouvelle ère
Ce chantier marque aussi le début d’une nouvelle ère pour l’eau potable à Troyes avec le lancement du schéma directeur d’alimentation en eau potable de la Plaine de Troyes, en septembre 2021. Les études, scénarios pour l’avenir et travaux qui en découleront, après adoption par les élus, permettront d’anticiper l’impact du changement climatique sur la ressource en eau dans le secteur. Les schémas directeurs devront ainsi assurer la continuité de l’alimentation en eau potable, en respectant les objectifs de qualité, de quantité et de sécurisation de l’approvisionnement à très long terme.
Pour le réservoir des Hauts-Clos, l’ultime étape reste désormais sa mise en lumière afin qu’il reprenne pleinement sa place de monument-phare de la cité tricasse. Cet aménagement sera terminé au printemps 2022. La clôture du site sera également entièrement réhabilitée.
La ressource en eau au cœur des préoccupations des élus
L’inauguration du réservoir sur piliers a été l’occasion pour les élus du Cope-Territoire Troyes de faire le point sur les prochains investissements destinés à préserver la ressource en eau.
La visite inaugurale du site, le 21 octobre a été l’occasion pour les élus du Cope-Territoire Troyes, de tenir une table ronde sur l’état de la ressource en eau, en prélude à l’inauguration officielle. En présence de François Baroin, Maire de Troyes et Président de Troyes Champagne Métropole, du Préfet de l’Aube Stéphane Rouvé, de Nicolas Juillet, Président du SDDEA et de sa Régie, de Stéphane Gillis, Directeur Général, cette table ronde a abordé les questions-clé de la gestion et de la préservation de la ressource en eau dans le Cope, aujourd’hui et pour l’avenir.
« Grosses opérations structurantes »
« Il est fondamental pour aujourd’hui et pour les générations à venir de mettre sur la table les réflexions sur la ressource en eau », a souligné François Baroin en introduisant cette table ronde qui s’est tenue à huis clos dans la salle du Conseil de surveillance du Centre hospitalier de Troyes, qui jouxte le château d’eau. Marc Bret, Président du Cope-Territoire Eau potable Troyes, a présenté l’ordre du jour en soulignant que « le plan pluriannuel d’investissement représente au moins 12 M€ d’investissement sur de grosses opérations structurantes ».
La rénovation des Hauts Clos s’inscrit dans le cadre de ce plan sur dix ans, et elle sera suivie d’autres opérations à venir (lire ci-dessous). Validé par les élus troyens au sein du COPE Territoire-Troyes, le plan pluriannuel est dédié à la remise à niveau du patrimoine. « Grâce à l’autofinancement du Cope-Territoire Troyes et à la participation de l’Agence de l’Eau Seine-Normandie, il n’y pas eu d’augmentation du tarif de l’eau depuis quatre ans, et ce tarif reste inférieur à la moyenne nationale », a poursuivi M. Bret. « Cela contribue à défendre les intérêts des contribuables et ceux des consommateurs », conformément à la volonté du Maire de Troyes. « Maintenant, nous avons la volonté très forte de nous emparer de la protection de nos ressources », a insisté M. Bret. « Il nous est apparu qu’il s’agit de LA question stratégique sur laquelle il nous faut travailler. La nappe peut descendre de 10 m avec le changement climatique. »
Protéger les captages
L’alimentation en eau potable des communes du Cope-Territoire Troyes est aujourd’hui assurée par deux sites essentiels et stratégiques : la source de Servigny (1,15 M de m3 environ distribués en 2019), près d’Essoyes, et le champ captant de Courgerennes (5,14 M de m3 environ), avec ses puits de part et d’autre de la Seine, sur les communes de Buchères et Bréviandes. Benoit Houssin, Directeur du Territoire Troyes à la Régie du SDDEA, a présenté la carte de la ressource en eau. Pour faire face aux problématiques de nitrates et de produits phytosanitaires infiltrés dans les sous-sols, Nicolas Juillet a insisté sur l’importance de la protection des captages. A cet effet, « la ville de Troyes possède de grandes zones boisées sur Courgerennes et Servigny », a-t-il souligné. L’eau distribuée au sein du Cope-Territoire Troyes est conforme à 100 % au normes réglementaires. Mais la présence à Servigny de molécules de pesticides considérées comme « non pertinentes » montre la nécessité de protéger la ressource dans la durée.
Nicolas Juillet a aussi rappelé l’importance des Schémas directeurs d’alimentation en eau potable pour la protection qualitative et quantitative de la ressource en eau à l’échelle du département. En effet le scénario retenu en septembre par les élus du Nord-Ouest aubois prévoit à terme un raccordement à l’agglomération troyenne. « L’idée est d’utiliser les grands champs captants pour l’agglomération troyenne mais aussi dans le cadre d’un partenariat global », a expliqué M. Juillet. La protection de la ressource grâce aux schémas directeurs AEP « est un travail de longue haleine », a souligné M. Juillet. « D’ici à trois ou quatre ans nous aurons une vision plus précise du coût d’investissement réel au niveau de l’ensemble du département. » Ce coût devrait avoisiner les 300 M€.
L’impact du changement climatique
L’impact déjà constaté du changement climatique renforce la nécessité de protéger la ressource, y compris sur le plan qualitatif. « Des évolutions importantes du climat arrivent et vont se poursuivre jusqu’en 2050 », a souligné pour sa part Stéphane Gillis. « Nous devons travailler sur l’anticipation de l’impact du changement climatique. » C’est tout le sens du travail engagé dans le cadre de la Stratégie 2100 portée par le SDDEA et sa Régie, en partenariat avec le BRGM. Les études portées par la Région Grand Est, l’EPTB Seine-Grands Lacs et le SDDEA et sa Régie seront prochainement mises en commun : elles passent en revue l’intégralité de la ressource en eau.
Les élus du Cope-Territoire Troyes avaient aussi la volonté de revenir sur des retours d’expérience réussis en matière de protection de la ressource. Lucile Gaillard, Directrice générale adjointe Gestion des Milieux, Prévention et Patrimoine au SDDEA, a présenté les exemples de Lons-le-Saunier (Jura) et Eau de Paris. « A Lons-le-Saunier, les premières actions ont commencé dès les années 1990, avec la profession agricole », a expliqué Mme Gaillard. « Avec le temps on observe des diminutions de concentrations en nitrates assez remarquables. Il faut du temps pour construire une culture de la préservation de la ressource. » Le Syndicat Eaux de de Paris a pour sa part choisi de financer des outils industriels vertueux. Dans ce cas, « la réussite de la mobilisation sur le terrain s’accompagne de rémunération pour les acteurs parties prenantes », a expliqué Mme Gaillard.
« Un choix historique »
Dans une telle démarche l’importance des partenariats est capitale. C’est le but de l’animation territorialisée que le SDDEA est en train de développer, en partenariat avec la Chambre d’Agriculture de l’Aube. L’objectif est de mettre en place « des actions concrètes, acceptées, qui auront un impact sur la ressource » dans notre département, a souligné Lucile Gaillard.
En concluant cette table ronde, le Préfet de l’Aube a souligné pour sa part que « le SDDEA est un outil très important dans le département, très performant. Il n’y a pas de tel outil dans tous les départements ». François Baroin a pour sa part remercié tous les participants et rappelé que la Ville de Troyes a fait « un choix historique » en choisissant le SDDEA et sa Régie pour sa compétence Eau potable. « On ne le regrette pas. C’est une stratégie au long cours. Il fallait se réapproprier l’information et écrire la stratégie. Le syndicat doit être le bras armé, le défenseur, protecteur, et devenir un levier pour générer des investissements », a-t-il souligné. « Il faut maintenant travailler sur le niveau d’investissement et le calendrier. »
Un investissement qui en appelle d’autres
Les opérations à venir sur les ouvrages eau potable du Cope-Territoire Troyes vont désormais concerner le champ captant de Courgerennes, l’aqueduc et la mise en place de la télérelève des compteurs.
Après la fin des travaux de rénovation du château d’eau des Hauts-Clos, d’autres investissements sont programmés pour pérenniser les ouvrages. Ainsi sur le champ captant de Courgerennes, où se trouvent plusieurs puits mis en service à partir de 1941. Au fil des décennies, avec l’expansion de Troyes, les besoins en eau ont augmenté et d’autres puits ont été mis en service sur le site, en 1956 puis en 1967.
Réhabilitation du site de Courgerennes
Désormais, le champ captant de Courgerennes est le site de production stratégique du Service des eaux de Troyes. Avec le changement climatique et son impact sur les précipitations, on constate des étiages régulièrement plus sévères et des nappes hautes plus marquées. Mais les équipements vieillissants du site n’autorisent pas la souplesse de fonctionnement nécessaire pour pouvoir l’adapter à ces évolutions.
Le projet de réhabilitation prévoit donc de remettre à niveau la technologie de l’ensemble des puits (installations électriques, moteur des pompes…). Divers aménagements sur les bâtiments de chaque puits sont également programmés. En outre, une étude sur la productivité du site est engagée, qui pourrait à l’avenir déboucher sur la création d’un puits supplémentaire. Les résultats de cette étude permettront de mieux comprendre et de modéliser le fonctionnement de l’ensemble du site, sur les plans quantitatif et qualitatif.
Réhabilitation de l’aqueduc
L’aqueduc qui permet d’acheminer les eaux des sources d’Essoyes et Jully-sur-Sarce vers Troyes a été construit à la toute fin du XIXe siècle. Sa maintenance a depuis été effectuée de manière ponctuelle. À l’avenir, il va bénéficier du plan de réhabilitation inscrit dans le Programme pluriannuel d’investissement du Cope-Territoire Troyes, qui s’étalera sur dix ans. Une étude préalable sur la turbidité des eaux brutes et l’état des ouvrages a permis d’identifier les travaux à effectuer, en fonction de leur urgence.
« Ce chantier sort de l’ordinaire du fait des techniques de réhabilitation qui seront mises en œuvre », explique Pierre Cannard, chef du service Maîtrise d’œuvre et études à la Régie du SDDEA (Direction du Patrimoine). En effet sur les 46 km d’aqueduc, on compte 34 km de conduite en pierre de forme ovoïde. Deux conduites en fonte de 600 mm de diamètre relient Clérey à Troyes. Merrey-sur-Arce, et Landreville.
- L’aqueduc sera rénové sur de grandes longueurs, atteignant 500 m à 1 km sur certains tronçons.
- Trois passerelles métalliques de type Eiffel, construites à la même époque que l’aqueduc, seront réhabilitées ou remplacées. Il s’agit des passerelles de Verrières, Merrey-sur-Arce, et Landreville.
- Les vannages et les bâches seront réhabilités
- Un entretien pluriannuel sera programmé
La télérelève au service des usagers
Le dôme du réservoir sur piliers des Hauts-Clos accueille depuis le mois de septembre une antenne destinée à la télérelève des compteurs d’eau. Ce procédé innovant est en cours d’expérimentation à Troyes auprès d’une centaine d’utilisateurs, sur la base du volontariat. « Actuellement nous effectuons un test du système grandeur nature », explique Thibault Guilbert, Directeur des Systèmes d’Information à la Régie du SDDEA. Ce test permettra de valider la technologie et les infrastructures, et de développer les nouvelles passerelles informatiques.
La télérelève est destinée à s’étendre à tous les compteurs d’ici à quelques années. Les nouveaux compteurs, équipés d’une antenne de transmission des données cryptées, remplaceront ainsi les anciens : c’est l’un des chantiers structurants à venir au sein du Cope-Territoire Troyes, mené en partenariat avec le Conseil Départemental et la Régie du SDDEA.
La télérelève des compteurs présente de nombreux avantages :
- Suivi quasiment en temps réel de la consommation d’eau : des données sont recueillies quotidiennement, facilitant le suivi des anomalies et la détection des fuites.
- Interventions plus rapides, moins de pertes sur le réseau : service aux usagers amélioré et meilleure protection de la ressource.
- Comptage plus précis avec les nouveaux équipements : le rendement sur le réseau est amélioré.
- La télérelève évite le déplacement des agents pour récupérer les données, limitant le bilan carbone.