À la recherche de la mulette épaisse
dans l’Aube et la Seine
Le SDDEA évalue la présence de la mulette épaisse, une moule d’eau douce protégée, avant de définir les travaux à effectuer sur les berges de l’Aube et de la Seine, dans trois communes du département.
L’Aube et la Seine hébergent des poissons mais aussi des mollusques, et notamment certaines variétés de moules d’eau douce. Parmi elles, la mulette épaisse (unio crassus) : cette espèce menacée bénéficie d’un décret de protection européen du fait d’une population déclinante à l’échelle européenne. Elle reste toutefois très présente dans les fleuves et rivières de la région Grand Est. Durant la dernière semaine du mois d’août, les Bassins Seine Amont et Aube Médiane du SDDEA ont ainsi été le théâtre d’une étude visant à déterminer la présence de la mulette épaisse à Blaincourt-sur-Aube, Chaudrey et Polisy.
En effet, dans le cadre de sa compétence GeMAPI, le SDDEA est maître d’ouvrage sur trois projets de protection de berges dans ces communes. « L’écoulement de l’Aube ou de la Seine a provoqué une érosion de berge qui menace certaines zones à enjeux, des ponts, routes, habitations… Des travaux s’imposent donc pour stopper ce phénomène d’effritement », explique Maëlle Miro-Padovani, cheffe du Service des Bassins au SDDEA.
Éviter les impacts
En préalable aux travaux, une étude devait être menée pour évaluer la présence de la mulette épaisse. L’inventaire de la population de ce mollusque bivalve dans les méandres concernés a donc été effectuée par la société prestataire Tinca Environnement, durant trois jours (un par commune), durant la dernière semaine de ce mois d’août. « Nous commençons à réfléchir sur les projets à réaliser et nous vérifions si la mulette épaisse est présente pour prendre les mesures adéquates, par exemple en aménageant les travaux pour éviter l’impact sur les mollusques », poursuit Maëlle Miro-Padovani. « Le cas échéant nous pourrions être amenés à déplacer les populations présentes sur un autre site en amont. » Grâce à l’inventaire, il sera donc possible de participer à la sauvegarde de cette espèce fragile.
Pour le début de l’étude, rendez-vous était pris le 29 août avec un plongeur hydrobiologiste sur le site de Blaincourt-sur-Aube, à la sortie du village, dans un méandre où l’eau, abondante, circule rapidement malgré le contexte de faibles pluies. L’observation par aquascope, sorte de cône de travaux muni d’une lentille et d’un phare, permet de scruter les eaux le long des berges et jusqu’à un mètre de profondeur. La mulette épaisse peut aussi être présente au fond des cours d’eau, dans les sédiments, et partiellement ensevelie. La plongée avec bouteille s’impose donc pour un inventaire complet dans les zones les plus profondes. L’ensemble des observations peut prendre plusieurs heures sur chaque site.
Présence du grand bivalve
À Blaincourt-sur-Aube, dès les premières observations à l’aquascope, le plongeur ressort avec quelques mulettes épaisses, qu’il replacera ensuite scrupuleusement. Le grand bivalve, très semblable à une moule marine, est bien présent sur les berges prospectées. Il en trouvera le lendemain à Chaudrey et également à Polisy mais là, en très faible quantité. Il établira un rapport très détaillé qui constituera l’inventaire, l’état initial nécessaire à l’avant-projet.
La réalisation de cet inventaire représente un coût total de 5000 € TTC pour les trois sites. L’opération bénéficiera de subventions de l’Agence de l’Eau Seine-Normandie. Les bassins Seine Amont et Aube Médiane du SDDEA financeront le solde.