Nigloland relève le défi de ses eaux usées
A Dolancourt, le parc d’attraction de Nigloland vient de se doter de sa propre station de traitement des eaux usées (STEU) en relevant un véritable défi technique. La Régie du SDDEA a assuré la maîtrise d’œuvre de ce projet innovant.
Classé parmi les plus importants parcs d’attraction de France, Nigloland devait répondre à un défi de taille en matière de traitement de ses eaux usées. Mise en service le 4 avril 2022, sa nouvelle STEU a fonctionné en faisant face, sans encombre, aux pics de fréquentation du Parc en période estivale. « Le parc fonctionne toute l’année, mais lorsqu’il est fermé il accueille seulement 50 personnes, soit uniquement le personnel. A Halloween, Il peut accueillir jusqu’à 17 000 personnes par jour ! », explique Philippe Dinant, directeur technique de la société Gélis Frères, propriétaires du site. « En automne, la fréquentation du Parc peut être de zéro en semaine, quand il est fermé, et de 10 000 personnes durant le week-end ! », poursuit-il.
Dans une petite commune rurale qui ne compte pas d’assainissement collectif, comment traiter les eaux usées générées par les visiteurs du Parc ? Jusqu’à présent, chaque attraction traitait ses propres eaux usées en assainissement non collectif. Alors qu’il fête ses 35 ans en 2022, Nigloland s’est donc offert une station de traitement flambant neuve pour couvrir l’ensemble des activités du Parc. Avec des contraintes de taille : pouvoir fonctionner toute l’année en faisant face à la forte variabilité des flux à certaines périodes, ne pas générer de nuisances visuelles et olfactives dans le village tout proche, le tout sur une surface de terrain restreinte, à quelques centaines de mètres du Parc.
Filtration membranaire
« Nous avons opté pour une solution innovante : la filière BioRéacteur à membranes (BRM) », explique Philippe Dinant. Ce type de STEU n’est pas équipé d’un clarificateur pour séparer les boues de l’eau traitée, cette action étant assurée par des filtres membranaires. L’avantage en termes d’espace est considérable. De plus l’aspect de la station, un bâtiment sur deux niveaux, fait davantage penser à des locaux techniques classiques qu’à une station d’épuration. Et cerise sur le gâteau, la STEU n’est pas gourmande en énergie. La filtration ne se fait pas sous pression mais gravitairement.
Concrètement, l’eau arrive à la station avec un débit de 40 m3/h. « Il a fallu trouver le débit adapté à la période de fréquentation de pointe », souligne Pierre Cannard, maître d’œuvre au sein de la Régie du SDDEA. En entrée de la STEU, un dégrilleur avec une maille de 2 mm retient les plus grosses matières solides qui sont directement évacuées au rez-de-chaussée. « C’est le même fonctionnement qu’un tambour de machine à laver », explique l’ingénieur. L’eau arrive ensuite dans un bassin tampon de 210 m3 qui permet d’alimenter à faible débit le BRM où alternent phases de filtration et d’aération. La filtration par les membranes est obtenue en insufflant de fortes quantités d’air.
Peu de boues produites
Quand l’eau filtrée s’évacue, les boues qui dépolluent l’eau sont retenues, à la différence d’un clarificateur où des départs de boues sont fréquents. Les eaux épurées, en sortie de station, sont rejetées dans l’Aube qui coule à quelques centaines de mètres de la STEU, de l’autre côté de la voie ferrée.
Autre avantage de cette filière : elle produit peu de boues. Les bassins de stockage plantés de roseaux, construits à l’arrière du site, restent quasi-vides, ce qui laisse augurer une durée de stockage des boues de plusieurs dizaines d’années. Dernier avantage de cette installation : elle pourra faire face au développement de Nigloland. « Aujourd’hui la station traite 1 400 équivalents-habitants en pointe. Elle pourra passer à 2 100 EH à l’avenir », précise Pierre Cannard. « C’est une filière que nous pourrons développer sur d’autres sites. » Au final, l’investissement (réseaux de desserte et STEU) représente un montant de l’ordre de 1,9 M€ HT, avec une aide de l’AESN à hauteur de 768 457 €.