Vigilance inondation : les agents du SDDEA et de sa Régie mobilisés
Le SDDEA et sa Régie suivent en continu le risque inondation lié aux fortes précipitations. Dès la constatation de l’ampleur de l’évènement sur les départements à l’amont, le SDDEA a échangé avec les services de l’Etat, de l’EPTB et de TCM, sur la gestion de l’inondation. Tout en déployant une vigilance adaptée pour l’ensemble des cinq compétences assurées par le syndicat et sa Régie.
Le département de l’Aube a connu un épisode de crue notable pour la saison. L’inondation a été causée par les fortes précipitations rencontrées durant le week-end de Pâques sur les départements de la Côte-d’Or et de la Haute-Marne. Elles s’ajoutaient à une saison hivernale déjà très pluvieuse. Dans une communication adressée aux élus, vendredi 5 avril, Lucile Gaillard, Directrice générale adjointe Gestion des Milieux, Prévention et Patrimoine au SDDEA, expliquait : « Cet épisode était suivi depuis le début de la semaine par les équipes GeMAPI qui ont pu s’assurer que les ponts du Barrois n’étaient pas obstrués et nos ouvrages correctement manœuvrés. »
Le pilotage des lacs-réservoir Seine et Aube par l’EPTB « permet de maitriser le pic de crue et l’inondation se propage maintenant sans débordements majeurs sur des secteurs à enjeux », poursuivait-elle. « Sur les secteurs qui ont été touchés, nous n’avons pas rencontré de difficulté particulière. Si la situation est globalement favorable, nous sommes toutefois en veille renforcée sur l’ensemble de notre périmètre de compétence et pour toutes nos compétences. Sur les secteurs en inondation en particulier, les équipes assurent une surveillance renforcée sur les ouvrages d’eau potable et d’assainissement. »
Sur le terrain et sur toutes les compétences
Concrètement, « en plus du contrôle hebdomadaire habituel, nous effectuons un contrôle supplémentaire sur les ouvrages qui sont susceptibles d’être impactés par les crues pour vérifier que tous les paramètres d’exploitation restent conformes », explique Christophe Cailleux, Directeur du patrimoine. « Cela concerne les captages, les stations de traitement des eaux usées, la saturation des réseaux d’assainissement dans les secteurs en forte crue. »
Pour leur part, les équipes de la GeMAPI du SDDEA sont en première ligne pour surveiller les rivières dans les différents bassins. Théophile Miori, technicien de rivière, explique : « Pendant la crue je procède surtout à la manœuvre des ouvrages qui appartiennent au SDDEA, sur le Melda [affluent de la Seine] par exemple, et à la coordination avec les propriétaires de moulins privés. Ces ouvrages, par le jeu des vannes sur les rivières, permettent de réguler le débit et le niveau des eaux. » Les services du SDDEA assurent aussi un important travail d’information en continu : « Nous recevons beaucoup d’appels de particuliers, d’élus, qui souhaitent des informations sur la situation et la manière dont elle peut évoluer. »
« Pendant la crue nous relevons un maximum de données sur le terrain, des relevés de niveaux, des images de drone, pour les confronter aussi aux modèles hydrauliques en cours de développement », précise Lorenzo Boisson, ingénieur hydromorphologue. Pour cela, les agents de la GeMAPI utilisent un matériel GNSS pour des relevés topographiques très précis, au centimètre près. Ce système portable léger (une antenne GPS couplée à une tablette) permet d’enregistrer le niveau de montée des eaux, sur des points précis sur toutes sortes de terrains, même peu accessibles. « Ces données permettent de confirmer ou modifier les modèles, qui serviront ensuite pour la prévention des inondations. En connaissant très précisément le comportement des rivières en période de crue, nous pourrons mieux dimensionner les travaux visant à réduire le risque en améliorant la mobilisation des zones d’expansion de crue, la restauration morphologique des cours d’eau ou encore la protection de certains enjeux. »
Informer et prévenir grâce aux modélisations
Les modèles portés par le SDDEA en collaboration avec des bureaux d’études représentent des investissements importants. Gwennaëlle Clermont, ingénieure hydraulique fluviale, travaille à leur élaboration toute l’année. Dans cette période de vigilance renforcée, elle est mobilisée également. « C’est monté tellement vite ! », observe-t-elle. « Des élus nous appellent, je les tiens aussi au courant. Nous sommes surtout impliqués au niveau de la prévention des inondations. » La gestion de crise en direct sur le terrain incombe en effet aux services de l’Etat. « Nous fournissons des informations et des données, des cartes, aux services de la Préfecture par exemple. Et les relevés que nous effectuons pendant la crue complètent nos données sur des secteurs que nous connaissons mal. L’objectif du modèle de simulation que nous construisons n’est pas de tourner en continu en période de crise mais de proposer à l’avenir des scénarios d’inondation, pour anticiper. »
Les cartes issues du modèle de la Seine ont permis d’échanger sur les conséquences des différentes hypothèses de gestion des lacs-réservoirs : quel impact possible pour les débits envisagés sur le tronçon de Seine dite « court-circuitée », de Courtenot à Saint-Julien-les-Villas. Ou encore sur les secteurs de la Seine et du Melda, à l’aval des systèmes d’endiguement.
Après la crue
Le pic de crue observé se déplace désormais vers les bassins plus à l’aval, sans conséquences majeures. Après l’alerte, lors de la décrue, les techniciens de rivière et agents de rivière seront particulièrement sollicités. Théophile Miori confirme : « Après la crue les agents de rivière effectuent un gros travail d’enlèvement des embâcles déplacés par la montée des eaux, qui emmènent beaucoup d’objets avec elles le long des rives. ».
Par ailleurs, l’ensemble des données acquises seront mises en banques de données et partagées avec les partenaires. Elles viendront alimenter les projets futurs. Enfin, cet évènement a permis de réactiver les réflexes internes à mobiliser en cas de crise majeure à venir : organisation sur le terrain, tenue de registres minute, production de cartographie synthétique… Cette occasion permet d’actualiser les processus de la cellule CRISEAU du SDDEA et d’entretenir la culture du risque au sein des équipes.
Eau potable et assainissement : les équipes veillent
« Si la situation est globalement favorable, nous sommes toutefois en veille renforcée sur l’ensemble de notre périmètre de compétence et pour toutes nos compétences », a expliqué lundi 8 avril Yannick Plottu, Directeur Général Adjoint Territoires, Expertise et Moyens, dans une communication aux élus du Bureau syndical et du Conseil d’Administration du SDDEA et sa Régie. « Sur les secteurs en inondation en particulier, les équipes assurent une surveillance renforcée sur les ouvrages d’eau potable et d’assainissement. » Pour l’eau potable, cette surveillance renforcée concerne les forages présentant une partie de leur champ captant inondé. « Nous avons vérifié que la tête de forage restait parfaitement étanche, sans infiltration, sur une dizaine d’ouvrages », précise Yannick Plottu. Les binômes-qualité ont effectué un contrôle journalier sur la chloration et la turbidité, pour attester de la potabilité et de la qualité de l’eau du robinet, qui sont restées constantes.
Le contrôle des systèmes d’assainissement s’est effectué à deux niveaux : la situation des stations de traitement des eaux usées et surtout celle des systèmes de pompage des eaux. « Avec les remontées de nappes phréatiques, certains réseaux sont saturés par les eaux claires parasites qui s’infiltrent », explique Yannick Plottu. Toutefois la situation globale s’améliorait durant la semaine du 8 avril, sans avoir atteint le point critique de 2018. « Cette période de pré-crise nous a préparés, ça a mis les équipes en condition ! », positive-t-il. Et la vigilance reste active.