Prévention inondation : les élus plongés dans la gestion de crise
Alerte inondation ! Une commune sous les eaux, une municipalité face à la crise, que va-t-il se passer ? Le Résilience Tour, de passage récemment dans l’Aube, a mis les élus présents sous tension en leur proposant un exercice très réaliste.
Une commune quelque part en France. La matinée a commencé comme tous les jours, mais il a beaucoup plu et la météo reste maussade. A 10h52 la mairie reçoit un appel des pompiers : la rivière voisine est en crue et ils ont reçu une dizaine de signalements téléphoniques de la part des habitants, qui font état d’un début d’inondation, avec une montée des eaux de 2 à 10 cm. Les pompiers partent en reconnaissance mais encouragent la municipalité à mener des actions de prévention, tandis que la gendarmerie arrive sur place également. C’est le début d’une gestion de crise en temps réel à laquelle les élus et les services municipaux vont devoir faire face. Mais heureusement, pour cette fois, tout est fictif.
Il s’agit de l’exercice auquel se sont livrés les élus conviés par le SDDEA à participer au Résilience Tour, qui a fait une halte dans l’Aube, à Troyes et Romilly-sur-Seine, le 15 novembre dernier. Un entraînement qui pourrait préfigurer des situations bien réelles pour leurs communes situées dans des zones sensibles, sur les Bassins Seine aval et Aube aval. Ce matin-là tout se déroule dans l’Espace Gaston-Monmousseau à Romilly-sur-Seine. Deux groupes d’élus sont amenés à suivre un scénario bien ficelé, et à prendre les bonnes décisions tandis que l’urgence, et la tension, montent.
Situations très réalistes
Dès l’alerte des pompiers, le maire active le plan de sauvegarde communal et installe son poste de commandement communal (PCC) et les cellules dédiées à chaque tâche : sécurité, logistique, soutien, standard, communication, main courante… Chaque cellule dispose d’un nombre précis d’agents sur le terrain, en fonction des effectifs des services communaux. Il va falloir en tenir compte aussi…
Le scénario suit une trentaine d’étapes bien définie, et le stress est parfois palpable. Victor Biarneix, animateur chargé de projet à l’Institut des risques majeurs (Irma), qui porte le Résilience Tour, égraine chaque nouvelle péripétie. Il faut trouver le bon endroit pour mettre les personnes évacuées en sécurité hors de la zone inondable, décider si les enfants peuvent ou non quitter l’école, répertorier toutes les informations sur une carte, organiser les interventions sur le terrain, consigner tout ce qui se passe méticuleusement…
Et répondre aux appels incessants, et parfois farfelus, de toutes sortes de personnes. Parents au travail inquiets pour leurs enfants, leur maison, personnes âgées, entrepreneurs sinistrés, boulanger qui veut un lieu pour sauvegarder son stock de farine, photographe amateur qui veut entrer dans la zone inondable, touristes allemands coincés, journalistes pressés…
Vigilance rouge
Tandis que la situation passe en vigilance rouge, la salle des fêtes un temps envisagée pour accueillir toutes les personnes évacuées s’avère elle-même située en zone inondable. Il faut trouver un autre lieu sûr et assez grand… ce sera finalement le gymnase du collège. Rien ne manque à la simulation : électricité coupée, Croix Rouge appelée par la préfecture, fausse nouvelle sur les réseaux sociaux. Et finalement à 12h05, bonne nouvelle : le pic de crue est atteint et les pompiers annoncent la décrue pour l’après-midi. La simulation se termine.
Le débriefing qui suit va passer en revue toutes les décisions prises par chaque cellule, dans chacun des deux PCC fictifs, de manière très concrète. « Je suis contente de ne pas avoir de rivière dans ma commune ! », s’exclame une élue présente. « Ça m’a rappelé un peu la tempête de décembre 1999. » Pour un autre, dont la commune est traversée par l’Aube, l’exercice s’est avéré « stressant ». « D’autant plus que dans le cadre de la simulation, on découvre la commune. Chez nous, nous n’avons jamais eu à mettre en place le plan de sauvegarde communale », note-t-il. « Je remarque que ce matin nous avons eu un peu de mal sur la communication avec les habitants. »