L’EPAGE à la croisée des futurs usages de l’eau
Le Conseil de l’EPAGE de la Seine Supérieure Champenoise a tenu sa réunion annuelle le mardi 7 février 2023 à Saint-Julien-les-Villas. Avec sa vision globale des enjeux de la GeMAPI, l’EPAGE se pose comme un outil indispensable pour l’avenir, au service des Bassins.
En introduisant la réunion du Conseil de l’EPAGE, le Président Jean-Michel Viart a d’emblée replacé les débats dans leur contexte, en évoquant le bilan de la structure depuis la transformation du SDDEA en EPAGE sur le périmètre de la Seine Supérieure Champenoise, effective depuis le 1er janvier 2021.
« Depuis sa création, les Bassins ont fait beaucoup, en lien avec l’EPAGE. Celui-ci n’a pas pour objectif de réaliser des travaux mais de faire réaliser des travaux par les Gemapiens », a souligné M. Viart. Et surtout, l’EPAGE permet d’apporter une vision globale sur l’amont et l’aval des Bassins pour la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (GeMAPI).
« Tenir compte de ce qui se passe en amont et en aval »
« L’EPAGE couvre trois Bassins du SDDEA : Seine Amont, Seine et Affluents Troyens et Seine Aval jusqu’à la confluence avec l’Aube. Cela crée du lien entre tous les Bassins, qui ont des objectifs de travaux, d’anticipation. Cela permet de tenir compte de ce qui se passe en amont et en aval, pour assurer une continuité », a-t-il rappelé. Aussi, « l’esprit de l’EPAGE est de penser à l’écologie, à la biodiversité, à la continuité et au bon état environnemental, peut-être plus encore qu’au niveau des Bassins. »
« L’EPAGE est un maître d’ouvrage, un stratège », a insisté pour sa part Lucile Gaillard, Directrice générale adjointe en charge de la GeMAPI au SDDEA. « La plus-value se trouve dans la stratégie globale que nous partageons avec Troyes Champagne Métropole et l’EPTB Seine Grands Lacs » sur le périmètre de l’EPAGE. »
L’impact du climat
Ce cadre étant posé, il est vite apparu au cours de la réunion qu’au-delà de la complexité réglementaire inhérente à la GeMAPI, toutes les actions menées au sein de l’EPAGE ont pour toile de fond le changement climatique et ses conséquences sur la ressource en eau, ses usages et les milieux naturels. Un contexte particulièrement prégnant avec la sécheresse de 2022, encore présente dans tous les esprits en ce jour ensoleillé et froid de février 2023. Le changement climatique induit des périodes de forte canicule avec peu d’eau et des épisodes pluvieux et orageux particulièrement puissants. Autant d’enjeux à appréhender pour prévenir les inondations, restaurer et protéger les milieux aquatiques, et prévoir des aménagements.
« Il y aura des choix à faire »
Ainsi, qu’il s’agisse de la modélisation hydraulique des crues, « un réel outil d’avenir », a rappelé M. Viart, de la restauration des rus forestiers (Ru de Vérien, Ru d’Erlant), de l’aménagement de zones de sur-inondation (zones d’expansion de crues, ZEC) ou encore des actions inscrites dans les PPRE (Programmes pluriannuels de restauration et d’entretien des cours d’eau) : tous les scénarios, études et travaux montrent que les usages du passé ne peuvent plus être viables pour le présent et l’avenir. Ce constat va s’imposer également pour l’entretien et l’aménagement des ouvrages existants (barrages, digues, moulins…), en cours de définition. Sur certaines zones, tous les usages actuels de l’eau ne pourront pas être maintenus : « Il y aura des choix à faire », a souligné M. Viart, désormais « les grands lacs ne suffisent plus » pour tout réguler.
Une réglementation mouvante
« La démarche du SDDEA est de prendre en compte tous les enjeux » dans la définition des projets, et pas uniquement l’aspect environnemental, a expliqué pour sa part Tristan Fournier, ingénieur GeMAPI au Service maîtrise d’œuvre et études du SDDEA. La tâche est ardue car le cadre réglementaire est en perpétuelle évolution. Or « la GeMAPI est une compétence jeune, il fallait d’abord la structurer. Politiquement parlant, on subit les choses », a reconnu Jean-Michel Viart. « A la différence de l’eau potable ou de l’assainissement, il existe encore une hétérogénéité de la vision de la compétence », a souligné pour sa part Lucile Gaillard. Le rôle de l’EPAGE est donc plus que jamais de créer du lien et de préparer l’avenir.