Découvertes archéologiques sur un site du SDDEA
Organisées du 1er au 28 juillet 2024 dans les bois de Villadin (Aube) sur une parcelle appartenant à la Régie du SDDEA, des fouilles archéologiques ont permis de mettre en lumière l’activité mérovingienne du site.
De l’argile, du bois et aussi de l’eau et un tissu économique : le village de Villadin présente toutes les qualités requises pour la production de la céramique. Connu pour cette activité documentée dès 1399, Villadin possède de nombreux gisements d’argiles de diverse qualité, propices à la production de poterie ainsi que de terres cuites architecturales. À tel point que les habitants du village sont surnommés les « Cruchons » !
A la surface d’un site protégé qui appartient aujourd’hui à la régie du SDDEA, les archéologues du groupe de recherche et d’étude de l’artisanat céramique (GREAC, lire ci-dessous) ont mis récemment au jour des traces extrêmement anciennes de cette activité. Ce site appartient au périmètre de protection immédiat de la galerie qui alimente une partie de la commune de Palis en eau potable (COPE d’Aix-Villemaur-Palis). Cette galerie drainante, toujours en service depuis 1937, a été creusée à la main à l’époque ; elle mesure environ 460 m de long et présente un mur de rétention de l’eau à 387 m de l’entrée.
Visite des élus
Le 26 juillet 2024, des élus du COPE d’Aix-Villemaur-Palis, accompagnés de Nicolas Juillet, Président du SDDEA et sa Régie, et de quelques agents de notre syndicat, ont visité le site de la fouille archéologique. Une bonne occasion de mieux connaître notre patrimoine local. « C’est la découverte d’un gisement, lors de l’été 2023, grâce à des tessons affleurant à la surface du sol, simplement recouverts par des feuilles et des branchages, qui a motivé la tenue de fouilles sur cette zone de rejets de fabrication de poterie », explique David Poilane, Président du GREAC. « Des scories, réductions de minerai de fer, ainsi que quelques tessons décelés en nombre laissaient penser à la découverte d’une zone de rejet de production de poterie datant de l’époque mérovingienne, du VIe siècle. » Dans ces sous-bois, l’archéologie se réalise en surface car il n’y a pas eu de mélange des couches archéologiques lié à l’activité humaine. C’est donc dans un véritable écrin de verdure que l’histoire se dévoile.
Travail d’orfèvre
Lors des fouilles, un inventaire précis des éléments découverts est réalisé via des grilles de relevés. Ce ne sont pas moins de 80 m² de surface qui sont désormais consignés, niveau par niveau. Tout ce qui est récolté et récupéré est par la suite lavé. La phase d’étude intervient dans un second temps : elle s’appuie sur le relevé photographique, des dessins, des descriptions et des datations. La réalisation d’un référentiel des formes et des pâtes utilisées à l’époque, ainsi que les stigmates observés, comme des traces de brûlure pour des marmites, par exemple, permet de retracer l’utilisation des poteries et fragments mis au jour : pour l’habitat au quotidien, l’usage funéraire, culturel, l’artisanat…
Les recherches se poursuivent
Les fouilles menées pendant près de trois semaines cet été ont permis de comprendre que ce lieu servait vraisemblablement de carrière d’extraction du limon. Pour l’extraire, les artisans de l’époque, potiers et sidérurgistes, avaient réalisé une rampe d’accès renforcée avec du silex. Des résidus de fours démontés ont été utilisés pour servir de stabilisation à la rampe. Tuiles, céramiques, scories, font aussi partie des matériaux utilisés pour la réalisation de cet ouvrage.
Les archéologues devaient déterminer si le site de Villadin abritait également des traces d’occupation humaine, avec d’anciens ateliers enfouis. Mais aucune structure de ce type n’a été identifiée et la localisation d’un site de production reste encore en suspens. Diffusées jusqu’à 30 km aux alentours et ce jusqu’au XVIIe-XVIIIe siècle, la production de poterie de Villadin était bien ancrée dans le territoire. Il semblerait que les activités de poteries aient été localisées au cœur du village tandis que la tuilerie aurait été située sur ses hauteurs.
Etaient présents lors de la visite le 26 juillet 2024, pour le SDDEA : Nicolas Juillet (Président) ; Denis Pottier et Jean-Baptiste Lecomte (Direction des Territoires) ; Manon Remot (Direction du Patrimoine). Elus : Didier Durand ; Raphaële Lanthiez ; Denis Pinto ; Jean-Luc Martin (1er adjoint au maire de Prunay-Belleville).
Une découverte pas si fortuite
Avant d’en arriver à ces découvertes, les archéologues du GREAC se sont basés sur des observations géologiques. Puis la géolocalisation GPS des structures a permis de planifier les travaux. Les recherches ont été programmées sur une zone argileuse située dans les bois de Villadin, un massif forestier reposant sur une butte témoin. À cause de l’érosion, celle-ci s’est détachée du plateau du pays d’Othe. Les archéologues ont finalement privilégié les zones d’extraction de matériaux aux zones de production et de diffusion des poteries. En effet les vestiges des ateliers de fabrication sont inaccessibles, situés dans les zones aujourd’hui bâties et habitées du village. Grâce à un impressionnant travail d’identification, les archéologues ont cartographié pas moins de 15 à 20 000 fosses d’extraction au sud du bois : cela atteste de la forte activité de poterie du village. Quant au nord du bois, les zones d’extraction plus denses (grandes fosses), à base d’argile réfractaire, servaient essentiellement à des productions architecturales postmédiévales.
Travail utile pour la recherche archéologique
Le Groupe de recherche et d’étude de l’artisanat céramique (GREAC) est une association archéologique de bénévoles qui recherchent et étudient toute activité en rapport avec la production des terres cuites (poteries, terres cuites architecturales et instrumentum). Son action s’étend aux départements de l’Aube, de la Marne, de la Seine-et-Marne et de l’Yonne, sur des périodes allant de l’Antiquité romaine à nos jours. Ses projets sont élaborés autour de programmes pluriannuels en partenariat avec le ministère de la Culture (DRAC/SRA), et la documentation qu’il produit bénéficie à la recherche archéologique.
- En savoir plus : le site du GREAC