Campagne de démoustication 2020 Une gêne observée, malgré d’importants traitements
Plusieurs communes nous ont indiqué la présence de moustiques qui piquent déjà depuis quelques jours, malgré des traitements conséquents et plus précoces que les dernières années.
Nos premières observations semblent indiquer que l’absence totale de froid pendant toute la période hivernale et que les conditions excessivement douces de début mars ont favorisé une émergence très précoce des larves de moustiques hivernaux. Ces températures ont permis aux larves d’assurer une forte activité et ainsi, de réduire la période au stade larvaire. On observe cette précocité d’environ 3 semaines à toutes les étapes de leur cycle (développement larvaire, nymphose, émergence, accouplement et piqûre).
En conséquence de ces températures élevées, nous notons également la présence d’espèces de moustiques que l’on retrouve habituellement plus tard dans la saison. La température de l’eau est un facteur direct du développement de ces larves en capacité d’émerger (passage à l’état adulte), en quelques jours si les conditions sont propices. Ces espèces, plus petites que les moustiques habituellement rencontrés à cette période, sont aussi plus agressives et plus mobiles (rayon de déplacement de plus de 5 km). On se retrouve ainsi dans une situation similaire aux crues de printemps, très propices au phénomène d’invasion.
Les équipes du SDDEA avaient observé cette précocité des larves sur le terrain et adapté les traitements en conséquence. C’est pourquoi nous avions projeté d’anticiper la réalisation de la campagne de démoustication de 3 semaines par rapport aux autres années. Cependant, la crue de mars qui s’est prolongée jusqu’au 15 (pic de crue à Pont sur Seine le 15/03 avec un débit de 272 m3/s), nous a contraints d’attendre au minimum une stabilisation des niveaux. En effet, du fait de la dilution du produit, des surfaces à traiter et des zones de remise en eau, un traitement en montée de crue est inefficace. Lorsque la décrue s’est amorcée, les conditions climatiques, notamment une période de vents forts, nous ont obligés à décaler les traitements aériens de 4 à 5 jours. À noter que l’épandage aérien est interdit pour des vents supérieurs à 19 km/h.
Au total, entre le 24 et le 31 mars, le SDDEA a traité 512 hectares de gîtes larvaires. Cependant, du fait des conditions climatiques et hydrologiques particulièrement compliquées cette année, ces traitements, seulement efficaces sur les larves en période de croissance, n’ont plus d’action dès que celles-ci cessent de s’alimenter et sur les nymphes dernier stade de leur développement avant l’envol.
Nous pouvons cependant espérer que la précocité observée cette année aux différents stades des moustiques, permettra de limiter la gêne dans le temps. Nous devrions ainsi observer une diminution des piqûres à compter de mi-mai.
Afin de confirmer les éléments exposés, nous déployons actuellement des pièges à moustiques (Mosquito Magnet). Ces pièges sont mis en place sur les secteurs à problème. Après 48h, les moustiques piégés sont comptabilisés et identifiés. Le développement de chacune des espèces diffère en fonction des facteurs environnants tels que la température, l’écosystème (milieux ouverts, fermés, eaux permanentes, eaux temporaires) … La pose des pièges vise ainsi à améliorer nos connaissances sur les espèces présentes et la pression qu’elles peuvent exercer. Nous serons en ainsi en mesure de mieux appréhender leur comportement et leurs zones de développement, et ainsi améliorer l’efficacité de nos traitements d’année en année.